Paroles, paroles, paroles…
Les réunions sont au bout du rouleau. Comme nous quand on en sort. Il y a urgence à réformer. Oui, tout le monde semble d’accord là-dessus. Et pourtant, les actions prises pour y répondre restent minoritaires, éparpillées, et du coup, jugées inefficaces.
Ceux qui refusent de croire au changement sont ainsi rassurés dans leurs croyances.
Mais si urgence il y a, ça ne veut pas dire qu’il faille réformer juste comme ça, à la va-vite, parce qu’il paraît que c’est dans l’air du temps. Non, cette réforme doit se faire dans le cadre d’une stratégie claire, bien définie, globale et à long-terme. Bon, eh bien plus qu’à organiser une réunion pour la définir, cette stratégie !
Un Powerpoint révélateur.
Les gens se sentent souvent inutiles pendant les réunions. Leur présence, obligatoire, n’était pas indispensable. Ils en sortent souvent avec l’impression que les deux heures passées ne servaient qu’à confirmer ce qu’on savait déjà. Pas grand-chose donc.
Un cercle vicieux apparaît : on ne se sent pas impliqué, on passe le temps en faisant autre chose, et du coup, on a encore plus l’impression de ne servir à rien. Une spirale déflationniste de la motivation et une courbe exponentielle de l’exaspération. Voilà ce que nous évoquent ces graphs et Powerpoint abrutissants.
« Créationnisme » managérial.
Prôner l’efficacité des réunions classiques revient à se faire l’avocat du diable. Elles se basent sur un modèle managérial que je qualifierai de « créationniste » : conférencier tout-puissant et hors d’atteinte, programme prédéterminé, rigide, créativité étouffée…
La solution tombera d’en-haut, par miracle, et n’arrangera donc probablement rien au problème.
Et du chaos, naquît l’ordre…
Il est temps de faire table rase et faire la place aux ateliers collaboratifs, modèles de réunions évolutionnistes s’il en est!
L’exemple de l’Open Space Technology de Harrison Owen est révélateur. Une idée simple, mais révolutionnaire, qui repose sur l’idée d’auto-organisation, de chaos structuré, nécessaire.
Les réunions organisées selon ce modèle reflètent, selon ses propres mots, le processus même de la vie ; son énergie organisatrice et créatrice d’ordre à partir de nombreuses variables (oui, je parle de vous !) interdépendantes et connectées les unes aux autres de façon, a priori, aléatoire.
En mathématiques, ça s’appelle la science des systèmes complexes. En management, ça s’appelle… le management tout simplement. A croire que les managers, avec leurs réunions fracassantes, essayaient de supprimer à la source l’élément même qu’ils étaient censés manager : l’humain.
Illustration par Germain Jammernegg