Le con est mort ! Vive le con !

Depuis quelques années, l’ « intérêt » pour le phénomène du con au bureau a grandi de façon singulière. Est-ce parce qu’il y en a de plus en plus ? Même s’il a été observé que les cons se reproduisent entre eux (c’est-à-dire, se reconnaissent et s’entre-recrutent), il est peu probable qu’il y en ait plus qu’avant.

Nous sommes simplement de plus en plus conscients de leur existence, et sensibles aux signes avant-coureurs.

Et pourtant, il reste difficile de les reconnaître et de les catégoriser.

Evidemment, le con a de nombreuses caractéristiques objectives. Robert Sutton, dans son livre The No Asshole Rule (qui a connu un succès mondial, et particulièrement marqué en France, humhum…), l’identifie à deux aspects principaux : le con agresse, humilie, démoralise et rabaisse constamment son interlocuteur ; interlocuteur qui est souvent, si ce n’est toujours, hiérarchiquement inférieur à lui. Bon, ok.

« Le paradoxe du connard »

Mais le phénomène du con est très complexe. Aaron James, dans son récent livre Assholes : A Theory aborde ce sujet avec philosophie, mais sans diplomatie. En somme, le connard serait celui qui se pense parfaitement dans son bon droit au-dessus des règles de vie communes à tout le monde.

Ledit paradoxe est le pouvoir démesuré qu’il peut avoir sur nos nerfs, notre humeur et l’environnement de travail en général par de simples petites remarques ou attitudes a priori inconséquentes. Se dire « qu’au final, ce n’est qu’un con » reviendrait en fait à le dédouaner. Le mal qu’il provoque a beau être léger, les conséquences qui en découlent sont désastreuses.

Dit simplement, sa seule présence pourrit l’air du bureau. Imaginez donc un peu en open-space…

« Quand on est con, est-on con ? »

Car ce n’est pas aussi simple que Brassens le chantonne. Le dicton dit qu’on est tous le con de quelqu’un. Autrement dit, on est tous des petites enflures en puissance.

Autre définition, autre complexité : dans la plupart des cas, le con est un bipolaire à la mémoire de poisson rouge. Une minute il vous rabaissera devant tout le monde en réunion ; la suivante, il sera tout à fait aimable et poli autour de la machine à café. Car le con ignore souvent qu’il en est un, et est souvent le premier à observer et reprocher aux autres leur comportement de cons. Réfléchissez-y donc à deux fois la prochaine fois…

Les zones grises de la connerie

Mais la difficulté du problème ne doit pas nous amener à baisser les bras. Surtout quand l’on sait, grâce à Robert Sutton, que le CTSC (coût total du sale con) grimpe en moyenne à 130 000 euros par an et par tête ! Ce n’est donc pas parce qu’un con est, à première vue, particulièrement productif qu’il faut tourner la tête.

Etre conscient des subtilités du problème est déjà un premier pas. Car les cons, tout comme les « non-cons », ont tendance à voir ce problème en noir et blanc. Mais ce sont les zones grises de la connerie qui méritent toute notre attention.

Les ignorer reviendrait à laisser la connerie évoluer et se reproduire en toute liberté et impunité.