Arrêtez de vous prendre pour Don Draper !

Don Draper, héros de la série culte Mad Men : soit cette personnification du style, de l’intelligence et du deep. Qui passe ses journées allongé sur son canapé à enchaîner whiskey et cigarettes… les rares moments où il n’est pas dans le lit d’une femme mariée. Don Draper, exemple-type du procrastinateur ? Non, plutôt un portrait un chouia caricatural du génie créatif et torturé.

Trop de gens confondent procrastination et glande, ou paresse.

La procrastination n’est pas l’art de ne rien faire, mais l’art de concentrer toute son énergie à éviter de faire quelque chose en particulier.

Procrastinez, procrastinez !

Certaines études montrent que la tendance à la procrastination est inscrite dans les gênes. On sait aussi tous très bien à quel point essayer d’y lutter ne fait, la plupart du temps, que renforcer notre vice. A quoi bon se battre alors ?

D’autant qu’une procrastination peut être on ne peut plus productive. Pour repousser une deadline, on s’affaire à toutes les petites tâches, une à une, tranquillement. Ou à l’inverse, pour remettre à plus tard les démarches administratives, on se lance dans un grand projet. Ou encore, pour éviter un rendu, on se met à contacter des gens perdus de vue, on réseaute, par-ci, par-là.

Toute excuse est bonne. Et toute bonne excuse ouvre de nouvelles possibilités, de nouveaux horizons.

Devenir maître de sa nature, c’est d’abord savoir s’y soumettre.

Bien sûr, on peut, et on doit même, être plus dramatiques. Dans la vie professionnelle (comme ailleurs) la procrastination peut être une véritable tare, un handicap, une malédiction ! Aucun doute là-dessus. C’est épuisant, mentalement et physiquement.

En grande partie pour le sentiment de culpabilité qu’elle provoque. Si ce n’est vis-à-vis de son boss, simplement vis-à-vis de soi-même.

C’est pour cela qu’il faut l’accepter à sa juste valeur. Ne pas tenter de l’éradiquer (enfin si vous voulez essayer, à vous l’honneur, moi je vous regarde), mais de la canaliser. Car certaines tâches, qu’on le veuille ou non, doivent être effectuées dans les délais.

Une palette de petits mécanismes permettent de devenir un « procrastinateur structuré » : Cette tâche ne vous provoque aucun plaisir immédiat ? Reliez un accomplissement peu jouissif à une récompense personnelle. Ou faites appel à la fameuse technique du salami : Divisez en une multitude de petites tâches individuellement savoureuses ce qui auparavant semblait immangeable. Ou bien sûr, il y a toujours les to-do-list, soit le plaisir de rayer frénétiquement les lignes une par une.

Ah, les petits plaisirs de la vie…

L’art de l’oisiveté.

On en cherche désespérément les causes : c’est dans les gênes ! Non, à cause d’une faible estime de soi ; ou parce qu’on est perfectionniste ; ou bien du fait d’une mauvaise perception du temps ; parce qu’on ne recherche que des plaisirs immédiats ; parce qu’on est impulsifs…

Mais arrêtons-nous quelques instants avec John Perry, et son livre Procrastination. L’art de remettre au lendemain.

Car la procrastination, avant tout, est ce symptôme qui montre à quel point on peut être tiraillé par des désirs et des envies contradictoires ; à quel point notre esprit curieux aime à vagabonder par divers chemins ; à quel point on refuse instinctivement les contraintes trop rigides et établies.

Tout l’art de l’oisiveté réside, au final, dans le défi de savoir incorporer ces espaces de liberté, irréductibles, dans l’accomplissement même de tâches obligatoires, toutes aussi irréductibles.

Que cet article, lecture probablement procrastinatoire de votre part, vous fasse réaliser la belle chose qu’est la procrastination. Et le soin que l’on doit mettre pour en faire notre alliée.