URGENT. Marquer comme important.
Les chiffres sont alarmants, leur hauteur, rocambolesque.
144 milliards d’emails échangés par jour en 2012, 183 en 2013. Des paris pour 2014 ? Dans cette masse, on compte à peu près 90% de spams et de publicités. Le traitement de notre messagerie prendrait presque 1/3 de notre temps au bureau… et empiète de plus en plus sur notre vie privée.
Augmentation du stress, mauvaise concentration, distractibilité, irritabilité, hyper-connectivité… Les syndromes en « –ité » pullulent pour décrire ce totalitarisme de l’email. Des études, plus farfelues, mais pas moins pertinentes que les autres, apparaissent : apparemment, plus les gens sont tristes et déprimés, plus ils sont rapides à répondre aux emails.
L’un engendre-t-il l’autre, ou l’autre l’un ?
Un flot infini.
Quoi qu’il en soit, le ras-le-bol contre les emails remporte de plus en plus d’adeptes. Des séminaires pour combattre son addiction existent. Des entreprises comme Volkswagen interdisent à leurs employés de consulter leur messagerie pro en-dehors des heures de travail. Des e-militants abandonnent totalement l’usage des emails, en les snobant au profit d’autres moyens d’échanges (réseaux sociaux internes, externes, plateformes de partage…).
L’e-mail a envahi et pris contrôle de nos vies ; son étau nous enserre et nous étouffe ; on a perdu l’usage et le contrôle sur notre propre parole.
Sans dramatiser bien sûr.
C’est notre messagerie qui rythme maintenant notre journée (littéralement à vrai dire, car le rythme cardiaque des addicts est bien supérieur aux autres). Qui peut encore prétendre ne pas se reconnaître dans cette diatribe du facteur Newman dans la cultissime sitcom américaine Seinfeld ?
Une mort annoncée? Trop tôt pour le dire!
Des gens comme Mark Zuckerberg (tout comme des partis visiblement moins « intéressés » par la question) nous annoncent donc tous azimuts la mort prochaine de l’email.
Opinion éclairée ou illusion fantasmagorique ?
Car sans compter les irréductibles imperfections des autres solutions, elles ne sont souvent en réalité qu’une forme mixte et hybride de l’e-mail. Et non pas une alternative radicale qui l’éradiquerait totalement. Car malgré tout, il demeure la forme la plus simplifiée, répandue et accessible pour communiquer. C’est la ligne médiane, qui peut rassembler activistes forcenés du retour des pigeons voyageurs et fanatiques de Google Drive.
Ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier.
Même si son existence n’est, dans les faits, que peu remise en cause, l’utilisation de notre boîte de messagerie est bien en train de changer. La façon dont on gère nos multiples flux de communication est amenée à devenir plus intelligente, pertinente et diversifiée.
L’e-mail ne doit pas être utilisé pour tout et n’importe quoi, comme le prescrit notamment l’Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Parfois, il est plus rapide de demander par chat. D’autres fois, un outil de gestion des tâches sera plus adapté. Ou encore, on peut simplement se lever de sa chaise et aller voir l’intéressé directement. Cette transformation s’effectue progressivement. On peut y participer consciemment (en signe de rébellion ou de conviction) ou inconsciemment (simplement parce que, au final, c’est plus logique de faire comme ça).
On n’est pas (encore) débarrassés de l’e-mail. Difficile, au fond, de s’en étonner: même les lettres papier (et payantes!) sont encore utilisées...